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fichtre, des villes nouvelles !

/ Conception et installation d’une exposition-intervention multiple et urbaine à la Roche-sur-Yon.
 Fichtre + Juliette Monbureau.

La ville est aussi bien une source de rêves que leur concrétisation, au moins en partie. Quelle ville n'a pas été transformée, en son temps, par un plan d'urbanisme? Quel édile n'a pas un jour tenté d'imprimer ses volontés politiques, ses idéaux sur sa ville?
Plusieurs grandes villes sont le pur produit de ces rêves, telles Chandigarh (née en 1947, 600 000 habitants) ou Brasilia (née en 1956, 2 110 000 habitants). Mais aussi, parfois depuis des temps anciens, des cités de taille modeste, comme Aigues-Mortes (créée vers 1241 par Louis IX, 6 000 habitants) ou La-Roche-Sur-Yon (créée en 1804 par Napoléon sur les ruines d'une bourgade, 85 000 habitants) ont réalisé les rêves des hommes de pouvoir.

Des fantasmes parfois contradictoires nourrissent et se nourrissent de la ville réelle ou utopique. Ils ont en commun  la volonté d'organiser et de contrôler le monde et la société. Questionner l'urbain et ses rêves, c'est questionner nos rêves de société.
Le projet originel de La-Roche-Sur-Yon, un pentagone enfermant une trame bâtie très régulière, n'a pas tenu compte des extensions futures de la ville, qui s'est par la suite étalée de façon plus ou moins organique et anarchique, suivant diverses logiques : économiques et commerciales, industrielles, routières, résidentielles…
Il en est résulté un étrange collage : un centre très rigoureux et ordonnancé, des quartiers pavillonnaires, des zones commerciales à l'échelle d'une grande ville, des boulevards vastes et inutiles, de nombreuses friches, des morceaux de campagne, de grands lotissements ; le tout dans un périmètre finalement assez restreint.
Le conseil municipal désire retrouver la maîtrise l'urbanisation de La-Roche et y travaille depuis plusieurs années.
C'est donc dans ce contexte que s'inscrit la fête du bicentenaire : une ville idéale réalisée, augmentée d'une urbanisation plus ou moins spontanée, et bientôt remodelée (mais dont l'image est déjà transformée) par des plans d'urbanisme.
C'est l'occasion de se demander ce que les formes urbaines projetées dans un but précis ont finalement produit  : liens sociaux, déplacements, échanges et économie, constructions et trame bâties.... C'est donc aussi l'occasion de repérer les situations nouvelles et riches que peuvent générer les formes non voulues ou dorénavant rejetées : la mauvaise herbe, la construction non réglementaire, la friche industrielle, la prééminence de l'automobile, la surabondance de signes…
Alors, on restera vigilants vis à vis des plans d'aménagement actuels, quelles soient leurs buts présupposés. On saura se méfier de leurs prétentions globalisantes.
Pour cet exercice, le quartier du Pont Morineau est exemplaire :          
- il est calé sur les limites et la route principale du plan de Napoléon (la route des Sables-d'Olonnes), mais il est issu d'une expansion industrielle spontanée, favorisée par la voie de chemin de fer;
- il est à la fois très proche du pentagone mais très nettement séparé de lui par cette même voie ferrée;
- il fait l'objet de plans d'urbanisme plus ou moins définis et définitifs
Avant cela, nous vous proposons une promenade dans ces villes imaginées, réalisées ou non, dessinées, racontées…
La-Roche-Sur-Yon est l'une d'elle.